Cout du chauffage en habitat collectif
Une étude de la CLCV Puy de Dôme sur le cout du chauffage en habitat collectif
Avec les premiers froids, se pose à nouveau la question du prix du chauffage. C’est un poste important dans le budget des ménages, y compris bien entendu, dans le logement social.
Le chauffage est le principal poste de charges payées par les locataires. Il peut atteindre pour un type 4 : 80 € par mois sur 12 mensualités, soit 960 € par an.
C’est pourquoi, l’association CLCV a réalisé une étude sur le coût du chauffage en habitat collectif sur 66 groupes HLM du département. Elle porte sur les années 2012 à 2016.
L’association CLCV s’est par ailleurs équipée d’une caméra thermique, afin de faire des états de lieux en matière d’isolation thermique et de conseiller ses adhérents.
Quels sont les constats réalisés par cette étude :
1) Il existe de très fortes disparités dans les coûts constatés : l’écart peut atteindre 88 %, les coûts les plus élevés étant ceux des groupes raccordés aux chaufferies urbaines, et les plus faibles ceux du quartier Saint Jacques.
2) Des travaux d’isolation thermique sont réalisés, depuis plusieurs années maintenant. En voyant les grands panneaux devant les immeubles annonçant ces travaux, on pourrait croire que financièrement les locataires vont s’y retrouver, que les montants de leurs quittances de loyer vont baisser.
En fait, il n’en est rien. Il y a bien effectivement une économie sur le coût du chauffage qui varie entre 20 et 30 % selon les groupes. Mais, pour financer les travaux, dans la très grande majorité des cas, les bailleurs augmentent les loyers. Et la hausse des loyers pèse davantage sur les quittances que l’économie réalisée sur le poste chauffage. Même si évidemment les travaux d’isolation permettent un meilleur confort dans les logements, ils entraînent un coût supplémentaire pour les locataires.
La baisse des APL pénalisent également les locataires.
Les ponctions faites par le gouvernement sur le budget des organismes HLM ne vont pas encourager les bailleurs à financer intégralement les travaux d’isolation thermique.
Même si évidemment les travaux d’isolation permettent un meilleur confort dans les logements , ils entraînent un coût supplémentaire pour les locataires.
3) Les collectivités locales, Clermont-Auvergne-Métropole et le Conseil Départemental, ainsi que le FEDER (Europe), apportent une contribution au financement des travaux. Mais, ces aides, que nous apprécions car elles n’existent pas dans tous les territoires, ne bénéficient qu’aux seuls bailleurs. Nous souhaiterions, qu’elles viennent, au moins partiellement, atténuer les hausses de loyers pratiquées, afin que les locataires en bénéficient également directement.
4) Les groupes de logements raccordés aux chaufferies urbaines ont très souvent, un coût plus élevés. Nous reviendrons sur ce point ci-après.
5) Certains autres groupes sont chauffés à l’électricité, cela coûte cher aux locataires : c’est le cas par exemple des groupes le Couriat à Riom et de la résidence Le Limousin, avenue du Puy-de-Dôme à Clermont-Ferrand. Le chauffage est assuré en partie par le sol, auquel il faut rajouter des convecteurs individuels. L’addition des deux sources de chaleur faits que les coûts sont très élevés pour obtenir une température de 19° minimum. Nous avons attiré l’attention du bailleur OPHIS sur ces deux situations. Il
étudie ces dossiers…
6) Nous devons citer d’autres groupes dont les coûts sont importants, notamment Tardières et Champradet à Clermont-Ferrand, les Jarousses à Brassac les Mines, Montchalamet à Royat.
7) D’autres ont actuellement des coûts élevés du chauffage, mais sont en cours de travaux d’isolation thermique : c’est le cas par exemple, du groupe Mongheal à Saint Eloy les Mines.
8) Parmi les groupes les moins chers, figurent les immeubles du quartier Saint Jacques, qui bénéficient d’une chaufferie commune, propriété du bailleur social Logidôme.
Sur le site Internet de Clermont-Auvergne-Métropole, il est indiqué qu’une étude est en cours pour installer une chaufferie urbaine sur Saint-Jacques. La démarche consisterait àrécupérer l’énergie dégagée par l’incinérateur. Si l’association CLCV est favorable à toute démarche de développement durable, il nous faut rappeler que cette notion de développement durable comporte plusieurs dimensions : la protection de l’environnement bien sûr, mais aussi une dimension sociale. Si l’installation d’une
chaufferie urbaine devait faire évoluer les coûts au niveau de ceux pratiqués dans les quartiers nord de Clermont-Ferrand, cela serait financièrement catastrophique pour les locataires. Nous serons très vigilants sur l’évolution de ce dossier et avons déjà alerté les élus et le bailleur concerné sur les risques encourus. Nous appelons tous les locataires concernés à être vigilants.
9) Qu’en est-il pour les logements raccordés aux diverses chaufferies urbaines ?
Les groupes de logements raccordés à la chaufferie urbaine des quartiers nord de Clermont-Ferrand, dont les coûts sont déjà élevés, ont subi des hausses importantes, certaines pouvant atteindre 30 %. Pour un logement de type 4, de 73 m2, ce coût peut
dépasser 900 € par an.
Cela tient essentiellement à deux éléments, les bailleurs ayant le droit (mais pas l’obligation!) d’imputer dans les charges locatives :
le coût d’amortissement des installations
le coût de gros entretien
ce qui n’est pas le cas dans une chaufferie de groupe, propriété du bailleur. Ces deux éléments représentent 24 % du coût global du chauffage urbain.
– la chaufferie des quartiers nord de Clermont-Ferrand est surdimensionnée. Elle tourne à 70 % de sa capacité. Cela ne va pas s’arranger avec les perspectives de démolitions de 4 immeubles importants dans le quartier des Vergnes. Nous supposons que les élus avaient prévu au départ, que toutes les copropriétés se raccordent, ce qui n’a pas été le cas. Les locataires HLM font les frais de cette situation.
Un élément positif : la création du groupe de travail pour être attentif à l’évolution de ce dossier, et étudier les marges d’économie possibles.
– Des disparités existent entre des immeubles voisins de même génération, construits avec les mêmes matériaux, de même conception. Par exemple pourquoi les immeubles de la rue de Gomel d’OPHIS ont un coût 25 % plus élevés que ceux d’Auvergne Habitat ?
Des négociations entre les bailleurs et la société gestionnaire de la chaufferie (ECLA) sont urgentes. Les renégociations des puissances souscrites par Logidôme, suite à la pression menée par notre association la CLCV, ont permis 15 % d’économie pour les
locataires.
– Les groupes raccordés à la chaufferie urbaine de Riom présentent aussi des coûts élevés. Les causes sont identiques à celles de la chaufferie des quartiers nord de Clermont-Ferrand.
– Pour la chaufferie de la Gauthière, plus ancienne, les installations devant être en grande partie amorties, les coûts ne sont pas aussi élevés.
L’association CLCV envisage de réactualiser chaque année cette étude afin de poursuivre la défense des locataires avec des arguments précis. L’équipe de bénévoles, qui s’est spécialisée dans l’utilisation de la caméra thermique, reste disponible pour apporter sa contribution en faisant ressortir :
– soit en amont, les faiblesses de l’isolation thermique des bâtiments (ou son absence), ce qui engendre des dépenses anormales de chauffage,
– soit, en aval, pour vérifier la qualité des travaux d’isolation nécessaires, effectués par les propriétaires ou les bailleurs.